La Naissance du Japon d'après les écrits du Kojiki
Epoque II - L'âge des Empereurs - Page 1
La vie mouvementée des Tennô...
Iware (le premier Empereur du Japon) ou Jimû Tennô, vient de mourir, laissant deux héritiers:
Suisei Tennô, fils cadet de Jimû Tennô succéda à son père en 581 av-JC: il a dû auparavant se débarasser de son frère aîné qui s'estimait dépossédé de son héritage légitime.

Il quitta le palais de son père car il avait été souillé part la mort de ce dernier
(nb: les japonais ont toujours en horreur tout ce qui touche de près ou de loin à la mort) pour aller établir son palais à Katsuragi.
La légende japonaise devient alors assez obscure, il est difficile de retrouver quelques bribes d'éléments pouvant nous renseigner sur les Empereurs suivants.
L'enfance difficile de Suinin

LE JAPON SELON SES LEGENDES:
HEROS ET KAMIS

Après avoir assisté à la naissance de notre monde et à celle des innombrables dieux qui vivent dans l'univers panthéiste du shintô, le récit du kojiki à partir de la fin de son deuxième tome se concentre sur la vie des Empereurs et des héros nationaux. La vraisemblance de l'existence de certains personnages est plus que douteuse, mais il est évident que certains passages ont été inspirés par des personnages et des faits bien réels.
Et ce n'est qu'à partir du 7e Empereur, Korei Tennô, que l'on retrouve à nouveau des écrits.
(En effet, ce dernier, en l'an 286 av-J.C fut témoin de l'émergence du mont Fuji et du lac Biwa).

En l'an 211 av-J.C, nous sommes sous le règne deKôgen Tennô. Arrive alors un représentant officiel venu de Chine:
il avait été chargé par son maître de lui rapporter l'Elixir de jouvence. Bien entendu, il ne le trouva pas et craignant d'être tué pour son incompétence lors de son retour au pays, l'ambassadeur s'établit au Japon.

Kaika Tennôsuccède à Kôgen Tennô.

Puis c'est Sûjin Tennô, dixième Empereur, qui succède à Kaika Tennô.

Sûjin Tennô avait assisté durant le règne de son grand-père à l'arrivée de l'ambassadeur chinois. Avec lui, de nombreuses familles d'immigrés chinois fuyaient le régime despotique en Chine. Ils étaient venus avec des vers à soie et bientôt furent tissés les premiers vêtements en soie sur le sol japonais (en réalité, on estime l'arrivée au Japon des techniques de tissage vers l'an 300 av-J.C.).

Dès qu'il parvint au pouvoir, Sûjin Tennô réserva à la production de la soie une importance élevée: tous les hommes, chinois ou japonais, qui travaillaient à la soie ne seront plus considérés comme des esclaves. L'Empereur avait compris toute la richesse qu'il pouvait retirer de cette production.

D'autre part, il avait remarqué que l'ambassadeur était venu avec de nombreux écrits. D'autres écrits perquisitionnés auprès d'érudits chinois réfugiés au Japon avaient été aussi enfermé par Kôgen Tennô dans une salle du palais.
Sûjin Tennô s'y interessa de très près et se fit expliquer de nombreuses choses par un moine chinois. Il essaiera durant son règne de garder des contacts avec la Chine et également la Corée.

Puis il chercha à savoir combien de sujets vivaient dans son royaume: le recensement se fit ainsi: on demanda à chaque homme d'envoyer une flèche au palais, et à chaque femme une navette.

Sûjin Tennô fut étonné par la quantité de flèches et de navettes qui parvinrent à son palais.

Il fit prélever les premiers impôts en demandant aux hommes d'inscrire sur les flèches du recensement le nombre de bêtes tuées pendant l'année.

Décidé à rendre son peuple prospère, il fit creuser des canaux et ériger des digues. L'agriculture était suivie de près par l'Empereur.
Il était aussi préoccupé par la religion et voyant qu'il était vain de célébrer la quantité astrono-mique de kamis qui existaient, il fit dresser une liste des plus importants, plaçant en tête Amaterasu Omikami.
Enfin, il continua l'oeuvre de son père en continuant à agrandir son royaume. Pour diriger son immense domaine, il créa la fonction de Shogun, un général en chef des armées.
Il en nomma quatre.

C'est également sous son règne que l'on cessa d'enterrer les Empereurs et les hauts dignitaires avec leurs serviteurs: en effet, Sûjin Tennô assista un jour à l'enterrement rituel (dans un kôfun) de son frère: le défunt était enterré avec ses objets précieux... et ses serviteurs encore vivants. Sûjin Tennô fut traumatisé par les cris que poussaient les serviteurs qui mirent plus de trois jours pour trépasser.
Il fit interdire ces sacrifices: on remplaça alors les serviteurs par des statuettes de terre cuite, les haniwas.
Sûjin Tennô fut considéré par son peuple comme un Empereur généreux. Mais son beau-frère essaya de causer sa perte. Ce dernier réussit à convaincre sa soeur, l'Impé-
ratrice, à tuer son époux; mais au moment de l'assassiner, Sûjin Tennô se réveilla. Elle lui avoua tout et dénonça son frère Saho. Ce dernier se sachant découvert fit brûler son palais et se suicida selon le rite du seppuku.
Puis un serviteur revint affolé pour lui annoncer que sous l'émotion, l'Impératrice avait accouché d'un nouvel enfant. Enfin, un autre serviteur annonça à l'Empereur que son épouse n'etait plus: elle venait de se jeter dans les flammes qui consumaient le palais de son frère.
Les serviteurs de Saho se soulevèrent contre Sûjin Tennô. Ce dernier ordonna à deux de ses shoguns d'écraser cette rebellion ce qui fut rapidement fait.
Suinin était muet, mais il entendait très bien. Religieux et médecins se succédèrent au chevet du jeune homme: mais il ne parlait toujours pas. Son père décida de faire de lui un moine pour qu'il serve son pays en priant pour sa prosperité. Suinin fut envoyé au temple d'Izumo. Suinin ne désirait pas devenir un moine, mais il appréciait les jardins du temple où il flânait souvent.
Un soir, il vit au milieu de l'étang un immense cygne blanc. Son chant, au début semblable à celui des membres de son espèce se transforma en une mélopée lancinante aux sonorité quasi humaines.

Puis le cygne se dissimula derrière un arbre.
Le prince vint le rejoindre.
Le chant cessa. Alors le prince cria:" Chante encore!". Il parlait!

Et l'oiseau avait disparu quant il se placa derrière l'arbre. Le lendemain, il demanda (oralement) aux moines d'aviser son père de sa guérison. Il demanda aussi que l'on retrouve le cygne blanc. Il fut retrouvé et enfermé dans une cage de bambou.
Le prince écoutait son chant et lui parlait. Nul ne sait ce qu'il pouvait lui dire.

Un jour, l'oiseau brisa les barreaux de sa prison et s'en alla rejoindre Amaterasu qui l'avait envoyé pour guérir son descendant.

Quand il devint Empereur, Suinin Tennô fit ériger un temple à la gloire d'Amaterasu en l'an 4 de notre ère: le temple d'Ise où il fit transporter le miroir sacré (Okagami)

Arrivé à la fin de sa vie, Sûjin Tennô avait stabilisé son royaume qui était prospère.
Il s'étendait alors sur les îles de Kyûshû et Shikoku et sur tout le sud de Hondo.
Son fils cadet sera son successeur: Suinin Tennô.

Une fois sacré Empereur, Suinin Tennô déménagea et fit ériger le palais Impérial à Makimotu, sur l'île de Hondo, dans la province du Yamato. Il mourut très âgé.
Son fils Keiko Tennô lui succéda.

Ce nouvel Empereur (qui heureusement pour lui vécu très âgé puisqu'il vint sur le trône à l'âge de 83 ans) était très grand (son palais était aménagé en conséquence) et aussi très fort. On dit qu'il étranglait des ours à mains nues dans sa jeunesse.

Cette force lui servit aussi à affirmer son caractère qu'il mit à profit pour faire face à de violents mouvements de protestation à Kyûshû.

Mais devant la multiplication de ces mouvements, il décida de confier le pouvoir à un homme plus jeune. Il lui suffisait de choisir un de ses ving garçons qu'il avait eu avec l'Impératrice et ses concubines.

Il choisit O-Usô qui devint l'un des plus célèbres Empereurs, le futur "Yamato Takeru" (le plus brave du Yamato).

O-Usô était le neuvième fils de Keiko Tennô. C'était un jeune homme de seize ans, robuste et vigoureux, son caractère pouvait nous faire penser à Susano-ô. Il n'hésitait jamais à s'impliquer dans des aventures dangereuses où il pouvait exprimer sa bravoure.

Il était très interessé par une rumeur qui lui parvenait régulièrement: l'existence, dans la province voisine, la province du Mino, de deux jeunes femmes dont la beauté surpasserait celle des plus belles courtisanes que l'on puisse connaître.
Il décida d'envoyer son frère jumeau auprès du gouverneur de la province du Mino. Ce dernier était le père des deux beautés, il fallait le convaincre de laisser ses filles rejoindre l'Empereur.

Mais le frère d'O-Usô tomba instantanément amoureux des deux soeurs et oublia sa mission. Il voulut alors demander au gouverneur la main de ses deux filles. Le gouverneur ne pouvait que se plier à la requête d'un des fils de l'Empereur.
Ce dernier tenta de tromper son frère en envoyant deux autres jeunes femmes à la place des soeurs qu'il venait d'épouser. Mais le subterfuge fut vite décelé. L'Empereur envoya
O-Usô enquêter sur les agissements de son frère.
O-Usô était furieux. Il s'avança rapidement vers Mino, pieds nus et vêtu de sa tunique sacrée.
Sa fureur l'empêcha d'écouter toute explication de la part de son frère: il lui arracha les bras et les jambes sans aucune hésitation.

Sa rage apaisée par cette sommaire mise à mort, il alla contempler les deux nouvelles veuves. Il les ramena au palais ce qui emplit de joie l'Empereur qui avait décidé de mettre à profit la vigueur de son fils.

La tribu des Kumasô, sur l'île de Kyûshû ne cessait de se révolter: O-Usô sera très efficace pour mater la rebellion.

Avant de partir en expédition, O-Usô décida de rendre visite à sa tante qui est la grande prêtresse du sanctuaire d'Ise. Elle lui offrit une dague sacrée et un superbe kimono de femme tissé de soie rare et lui dit:"
Parfois l'homme le plus fort ne peut rentrer là où une femme entre". Intrigué, son neveu lui dit qu'il n'ouliera pas ce conseil.

Arrivé avec son escouade sur Kyûshû, le prince eut le sentiment d'être observé. Au fur et à mesure qu'ils avançaient vers les Kumasô, ce sentiment gagnait le reste de ses troupes.
Ils s'avançaient dans un défilé lorsqu'ils aperçurent l'entrée d'une grotte. Au moment de rebrousser chemin, une pluie de flèche leur barra la route. On les avait "escorté" et ils se sont dirigés là où on voulait les mener. Alors
O-Usô pensa aux paroles de sa tante qu'il compara à une des devises du guerrier: "La ruse s'impose quand le courage est inutile".

(...Suite page 2...)

A cette époque, à la mort de l'Empereur, son épouse avait la possibilité de se retirer dans un sanctuaire religieux: elle
devait se raser la tête avant
d'y être admise.
La légende d'O-Usô: Yamato Takeru...