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Les racines du Kabuki...
Le Kabuki est la forme de théâtre japonais traditionnel et populaire
par excellence.
Tout d'abord, un peu de linguistique:
Kabuki est un mot composé de trois termes: Ka pour musique,
Bu pour danse et Ki pour jeu de scène.
Les origines du Kabuki remontent à la fin du XVIe siècle, un peu avant l'avènement
au pouvoir de la famille Tokugawa, sous le règne du Shogun Toyotomi Hideyoshi
(1536-1598). Dans les plus grandes villes on pouvait voir des artistes de
rue déguisés en étrangers pour jouer de petites scénettes.
On les qualifiait de Kabukimono (ou "ceux qui sortent des sentiers
battus").
Le Théâtre Kabuki va ensuite suivre deux évolutions différentes; mais les emprunts mutuels entreles deux nouveaux styles ne cesseront pas jusqu'à l'avènement de lère Meiji (1868).
C'est entre 1680 et 1705 que les pièces de Kabuki vont se différencier. A Tôkyô (ancienne Edo) et à Kyôtô, le Kabuki va se développer selon les goûts et le statut social des habitants.
Le style Héroïque d'Edo
Edo était une ville peuplée de nombreux samourais. En toute
logique, les pièces jouées mettent en scène
des personnages qui reflètent leurs valeurs.
Ainsi se développe le style Aragoto ou style héroïque:
la pièce originelle est surjouée, le jeu de scène est
exagéré.
Et surtout, l'action prime sur les autres aspects.
L'acteur Ichikawa Danjûrô I (1660-1704) est considéré
comme le premier acteur ayant
excellé dans ce style: il s'est fait remarquer dans la première
pièce du style Aragoto appelée "Shitennô Osanadachi"
au
théâtre Nakamura. Ichikawa est monté sur scène
avec un maquillage présentant une expression faciale d'intense sévérité
(kumadori) et son corps était peint en rouge.
Il exécuta un impressionnant tachimawari (combat codifié).
Les pièces sont jouées dans de nombreux théâtres,
mais originellement, seuls 4 établissements étaient officiellement
reconnus par le shogun qui leur avait délivré un permis. Les
autres lieux de représentation de pièces Kabuki étaient
donc illégaux.
Une fois le permis acquis, le théâtre pouvait arborer un yagura
(une petite tour) sur le toît. Ce yagura était donc
le symbole de la licence officielle du shogun, qui faisait la fierté
du zamoto (chef du théâtre).
Les quatre théâtres étaient donc le Nakamura-za, l'Ichimura-za,
le Morita-za et le Yamamura-za. Ce dernier toutefois perdit sa licence, et
l'on parla donc des "3 théâtres d'Edo".
Ensuite, l'écriture des pièces diffère et se concentre
sur la vie des samouraïs. C'est le style Jidaimono que l'on peut
rapprocher des films appartenant à la catégorie des Jidai Geki
ou films d'époque, à ceci près que les pièces
de Kabuki relatent des histoires se déroulant antérieurement
au XVIIe siècle.
Les thèmes abordés par ces pièces sont le plus souvent
les batailles entre les clans Genji et Heike, ou encore entre
le Daimyô et la famille Datte. L'écriture des pièces se
complexifie, et c'est désormais en équipe que la conception
des
nouvelles oeuvres s'effectue.
Le jeu de scène est ultra-codifié, les costumes sont très
réalistes. Le japonais employé est ancien, seule une oreille
habituée pourra comprendre les dialogues.
Le Kabuki évolue encore, et s'oriente vers un style qui va décrire avec fidélité la vie du peuple. C'est le style sewamono (que l'on peut aussi rapprocher du cinéma avec les films d'Ozu, des "Shomin Geki" (films sur le petit peuple)).
L'acteur Ichikawa Danjurô VII va écrire un ouvrage qui va servir
de référence absolue: c'est le livre "jûhachiban"
(les 18).
Il y répertorie les 18 pièces considérées comme
majeures.
Mais aujourd'hui, seules 3 d'entre elles demeurent populaires.
Le style Réaliste du district
de Kamigata (Kyôtô)
La ville de Kyôtô était peuplée par de très
nombreux marchands. Les pièces de Kabuki se sont orientées
dans une autre direction en faisant un portrait plus réaliste de la
vie quotidienne. L'étude des pièces de style Wagoto (style
réaliste) permet de mieux comprendre la vie au Japon sous le règne
du shogunat des Tokugawa.
Le premier acteur que l'on peut assimiler à ce style
fut Sakata Tôjurô I (1647-1709).
Les pièces dans le style wagoto avaient une approche relativement atypique,
la plupart du temps, le héros, un vrai gentleman, tombé amoureux
d'une prostituée est rejeté par sa famille. Une sorte de "Pretty
Woman" avant l'heure.
Chikamatsu Monzaemon (1653-1724) fut un écrivain très prolifique
de pièces wagoto.
Puis émerge rapidement un nouveau style, le Maruhon
Kabuki (hon=vrai, vraiment). Il se concentre sur la
structure narrative, ce à quoi ce sont appliqués des auteurs
comme Chikamatsu Monzaemon ou Takeda Izumo.
La suite des évènements est plus logique. C'est une évolution
du Kabuki car le public commençait à s'en détourner pour
aller voir les spectacles de Bunraku (poupées) dont la structure narrative
était plus simple. De plus, on introduit alors le jôruri (une
sorte de voix-off qui commente le dérou-lement de la pièce issu
du Bunraku) et le gidayû, une musique lancinante pour accompagner dramatiquement
la pièce.
C'est pendant cette période que furent écrites
les plus grandes pièces du théâtre Kabuki: Kanadehon
Chûshingura
(La revanche des 47 rônins), Sugawara Denju Tenarai Kagami, Yoshitsune
Senbon Zakura (Les milliers de cerisiers
de Yoshitsune).
Durant l'âge d'or du Kabuki, il n'était pas rare
qu'une pièce se jouait de l'aube jusq'à la tombée de
la nuit. Le public
assistait au spectacle, mangeait et bavardait. Jouer une pièce dans
son entièreté se dit "Tôshi Kyôgen".
De nos jours, le rythme de la vie ne permet pas de jouer si longtemps une
pièce; et même si à d'exceptionnelles occasions
on annonce un "Tôshi Kyôgen", il manquera toujours quelques
scènes.
Aujourd'hui on joue des Midori (terme issu de Yoridori midori ("vous
pouvez choisir ce que vous préférez"):
c'est une sorte de "best of".