Le SHôMYô
Chants liturgiques bouddhistes
Le terme Shômyô est issu du sanscrit
"sabdavidja" (la voix claire).
C'est au VIe siècle que le Shômyô
fut amené au Japon depuis la Chine.
Les chants encore perpétués aujourd'hui - demeurés inchangés depuis le IXe
siècle - ont été importés par le moine Kûkai
(fondateur de la secte Shingon), et les moines Ennin
et Saichô1
(767 - 822)
A la fin du Xe siècle, Tendai et Shingon vont cesser de communiquer entre elles et leurs chants respectifs suivront une évolution distincte.
Les chants bouddhistes sacrés du Shômyô
sont très particuliers et se reconnaissent immédiatement.
Récités à l'unisson par les moines, ces derniers sont accompagnés par divers
instruments: des trompes, une cloche à la main (rei),
des baguettes (hyôshigi),
des cymbales (hachi),
un gong suspendu (nyo),
une plaque de métal (kei)
ayant pour rôle de délimiter les séquences du chant et de les rythmer les
chants.
On utilise aussi la cloche extérieure du temple.
Les incantations s'enchaînent ainsi avec fluidité et leur structure varie selon les sectes.
Les moines qui entonnent les prières suivent une partition, dont la forme n'est pas sans rappeler celle qui est utilisée pour les chants grégoriens.
Il y a deux catégories de chants: les chants comme le Zen
Shôrei (récitations de textes
canoniques) et les chants Ungabai, Sange
ou Iaiyô (chants contemplatifs).
Le rythme de ces chants est libre, sans mesure. On peut ainsi les rapprocher
des chants grégoriens.
Toutefois, la secte Tendai a inclus un rythme à
trois temps (Chûon).
Celui de la secte Shingon est libre, mais sa régularité
est singulière.
Accompagnant les incantations du Shômyô,
l'intervention des instruments est libre au début de la cérémonie. Puis le
rythme devient régulier.
Le retour de la liberté du rythme annonce la fin de la cérémonie.
Cette structure cyclique est symptomatique de la culture japonaise (on en a un autre exemple avec les temples Shintoistes d'Ise, reconstruits en alternance selon un cycle précis).
Les chants sont en trois langues différentes:
en sanscrit (bonsan),
en chinois (kansan)
et en japonais (wasan).
Cette différenciation est issue de l'exportation du Shômyô
depuis la Chine.
Les moines officiants (shikishû)
sont dirigés par le maître de cérémonie (dôshi);
leur placement durant les cérémonies obéit à un ordre très précis.
La Secte Shingon et ses chants:
La Shingon-Shû se consacre essentiellement à
l'étude et la vénération de textes ésotériques. La secte Shingon
chante notamment le Kôbôdai Mieku, à la mémoire
du fondateur de la secte Shingon (Kûkai, 774-836),
qui compte 17 séquences et dure trois heures.
Il y a aussi le chant Rishukyô composé par le
moine Kakuchô (916-998),
récitation du soutra Rishu.
Au XIIe siècle, le moine Shûkan
fonda l'école de Shômyô Shin;
de son côté, le moine Kakuban (1104-1142)
fonda la nouvelle Shingon (Shingi
Shingon).
De cette dernière division furent créées deux nouvelles écoles de Shômyô:
Chizan et Buzan.
Les trois écoles Shin, Chizan
et Buzan sont encore actives de nos jours, poursuivant
l'oeuvre de leurs fondateurs respectifs.
La Tendai-shû se consacre essentiellement à
l'étude et à la vénération du soutra du lotus:
elle est plus élitiste que la Shingon-shû, s'adressant
plus volontiers aux nobles.
Les chants Teisan ou Shichibongosan accompagnent la procession (teigi) des moines qui entrent dans le sanctuaire et se dirigent vers le hall principal (hondô); de main en main passent les offrandes.
Le chant Saimon contient la justification
de la cérémonie.
Le chant Sôraikada est un salutation, tout comme le Shômyôrai.
Le chant Ungabai est chanté par un vieux moine pour que Bouddha lui accorde la force nécessaire pour continuer à suivre sa voie et ses enseignements.
Durant le Jimbun, le maître de
cérémonie implore tous les dieux de veiller sur les enseignements de Bouddha.
C'est également ce dernier qui exécute le Hyôbyaku
pour que soient accomplis les voeux exprimés durant la cérémonie.
Enfin, il entame le Butsumyô promesse faîte de suivre les enseignements sacrés.
Le chant Jukai contient les enseignements et commandements de Bouddha.
Exécuté en chinois par un jeune officiant, le Sange est particulier, plus enlevé. Vers la fin du chant, les moines éparpillent des morceaux de papier de couleur symbolisant les pétales de la fleur de lotus.
Enfin, la cérémonie se termine avec le Gosan.